Écho

« La résidence alternée n’est pas possible, compte tenu de l’âge de votre enfant. Un week end sur deux et la moitié des vacances. Cette phrase résonne comme une sentence, sans appel. Je ressens de l’injustice. Que fait-on des droits du père ? Je suis – condamné – à payer une pension, mais mon droit ? Un week-end sur deux, je dois me contenter et me réjouir ? Comment mon enfant va-t-elle se construire sans son père au quotidien ? Le beau-père a plus que moi en définitive. Dans quelques années, je ferai à nouveau la demande, mais que va-t-on m’opposer ? La nécessaire entente entre les parents ? »

Entre colère, amertume et désespoir, ce père comme tant d’autres, déplore l’importance du matriarcat dans notre société, pourtant revendicatrice d’égalité hommes-femmes. En la matière il n’y aurait pas débat, la mère étant considérée comme la figure d’attachement primaire, par son omniprésence dans les premiers mois de vie de l’enfant (période in utero incluse).

Lien indéfectible dans l’absolu, mais dans la réalité, entre défaillances maternelles possibles et complémentarité dans le « caregiving », nombre de pères s’y substitueraient volontiers. La théorie de l’attachement invite à penser ce lien si ardemment défendu, non comme une évidence en soi mais bien comme une réalité complexe, aux prises avec les transmissions transgénérationnelles dont tout parent est porteur. Combat perdu d’avance diront certains (sauf à pouvoir justifier d’une défaillance maternelle) et constat d’un perpétuel écueil que celui de la surreprésentation des femmes aux postes de juges aux affaires familiales.

Face à un difficile équilibre père/mère dans le temps passé avec l’enfant, l’argument phare serait de privilégier la qualité à la quantité. Le ressenti souvent exprimé est celui de la frustration adossé à la colère, face à ce qui reste considéré comme un maigre lot de consolation, auquel s’ajoute un sentiment de n’être plus qu’un compte en banque.

A bien y réfléchir, nous contribuons peut-être par ce paradigme de la qualité versus la quantité, à nourrir, à renforcer les divergences éducatives, renforcées par l’opposition entre les rythmes contraints du quotidien et ceux plus relâchés du week end/des vacances. Plus l’écart se creuse, plus le risque de voir le lien d’attachement mère-enfant, à l’origine préservé, se déliter, amorce d’une possible bascule, lorsqu’une demande de changement de garde survient quelques années plus tard.

Combien de fois alors entendons-nous le ressenti d’injustice de la mère en charge de l’enfant au quotidien, lorsque celui-ci se projette brusquement, parfois par besoin d’opposition, dans le foyer idéalisé de son autre parent…

Comment dès lors co-construire une coparentalité cohérente, sécurisante pour l’enfant, dans une configuration du droit de garde, parfois insuffisamment questionnée sur ses effets à moyen/long terme ?

La résidence alternée semblait y répondre, participant d’une volonté à rendre équitable le temps passé, mais pas seulement ! L’enjeu se veut tout autant si ce n’est plus, centré sur l’intérêt de l’enfant. Mais cela demeure sujet de controverse, le débat oppose l’intérêt du parent à celui de l’enfant, au motif de la non prise en considération des difficultés d’adaptation de l’enfant et de ses besoins d’ancrage, de repères.

Il y aurait donc matière à repenser l’alternance sur sa forme imparfaite plus que sur son intention réduite parfois injustement à une « revendication inopportune ». Comment réduire l’inconfort du changement d’’environnement, comment donner des repères clairs et sécurisants à l’enfant ? Dans une société de plus en plus mobile, l’exercice est-il impossible ? …à réfléchir

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