
Écho : « Nous envisageons de ne plus nous croiser, car la petite assiste à nos disputes, quasi systématiques. Désormais, la transition se fera à l’école en période scolaire, il reste à définir comment faire lors des vacances. Voilà où nous en sommes. Pour le reste, on communique par mail uniquement si nécessaire…moins on le fait, mieux l’on se porte »
La transition, le passage d’un parent à l’autre, témoigne parfois de la persistance des dysfonctionnements relationnels à l’origine de la séparation. Ce qui n’est pas sans impact pour l’enfant, première victime silencieuse d’un schéma répétitif, transféré du couple conjugal au couple parental. Il est fréquent d’entendre en médiation, l’expression d’un soulagement lorsque s’instaure une transition à distance, sans contact, sans échange direct, voire sans échange tout court.
Si cette stratégie adaptative limite les tensions, elle isole pour autant l’enfant et le coupe de l’échange parental nécessaire à son équilibre.
L’enfant se retrouve spectateur d’une permanence conflictuelle, peut-être plus sourde mais non moins destructrice pour ses fondements identitaires, relatifs notamment à la représentation qu’il se construira de la parentalité. Ces transmissions inconscientes peuvent conduire à nourrir une nouvelle mutation sociale de la famille…En effet, comment ne pas s’alerter face à la séparation effective du couple parental, après avoir vu la norme familiale s’affranchir d’une conjugalité établie et pérenne, sous le sceau du mariage. Un questionnement éthique serait-il impossible à mettre en œuvre, pour préserver ce qu’il reste d’une cellule familiale éparse et prévenir la fragilité psychique de l’enfant lorsque les conflits annihilent la coparentalité ?
La médiation engage cette réflexion et invite à penser notre responsabilité dans les affres d’une société décrite comme individualiste, au dépend des valeurs familiales.